Dans le cadre de la mise en œuvre de son Plan d’Action 2021-2022, l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) a, vendredi le 27 mai 2022, organisé une Conférence publique pour susciter des réflexions sur une thématique d’intérêt général et jugée d’actualité.
Cette conférence portant sur l’“Intervention internationale dans les affaires internes des Etats en cas de changements anticonstitutionnels de gouvernement en droit de l’U.A”, s’appuie sur une étude qui couvre le continent africain et qui interroge les changements anticonstitutionnels de gouvernement en droit de l’UA. Elle était destinée aux hauts cadres en fonction dans toutes les structures de gouvernance de haut niveau : la Présidence de la République, la Primature, les ministères et les élus nationaux.
Développée et animée par Dr Jérôme NDEREYIMANA, spécialiste du Droit Public et International et enseignant formateur à l’ENA, cette étude qui s’étend sur une période de 20 ans (2001 à 2021) vise à identifier les difficultés que rencontre l’Union Africaine (UA) à gérer les processus démocratiques visant le retour à l’ordre constitutionnel après le changement anticonstitutionnel survenu dans un des Etats africains. A cet effet, face à la pluralité des acteurs intra et extra-africains en cas de changement anticonstitutionnel de gouvernement, cette étude cherche à répondre à certaines préoccupations. Il s’agit ici de la question au centre de cette conférence qui s’interroge si “l’intervention des acteurs internes et externes constitue-t-elle une limite ou opportunité à l’action de l’UA dans sa mission de restauration de l’ordre constitutionnel ou juridique”?
Sans être forcément une solution attendue, l’intervention de ces différents acteurs n’est pas à exclure dans la gestion de ce phénomène dans ce monde pluraliste. En revanche, le respect de la norme juridique internationale, régionale, nationale et de tout texte régulant ces interventions doit être de mise.
Pour répondre à cette question, une méthode de positivisme juridique combinée à l’approche empirique aura guidé les démarches du conférencier.
Une telle étude et partage de la réflexion dans une conférence n’est pas sans impact pour les pays, dont le Burundi, qui ont par le passé subi des changements anticonstitutionnels de gouvernement. Pour des institutions universitaires, privées ou publiques comme l’ENA, une telle étude et conférence font ressortir une valeur ajoutée d’abord car le Burundi dans son parcours de démocratie et de bonne gouvernance politique a besoin de telles études et débats publics car :
- L’étude est innovante et elle est une des conférences rares de ce genre ;
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L’étude apporte des données objectives bien étudiées et une compréhension sur la gestion des divers acteurs en géopolitique ;
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La valeur ajoutée est de voir ensemble comment construire une stratégie de gouvernance nationale quitte à éradiquer l’ingérence dans la gestion des Etats par des pays étrangers.
- La conférence publique en question ouvre le débat sur des questions qui hantent aujourd’hui plus qu’hier tout le continent africain et permet d’échanger sur les différentes expériences vécues par d’autres pays en la matière.
Plus particulièrement pour l’ENA, le Directeur Général de cet établissement, Dr Dionise ARAKAZA de faire savoir que :
- Une telle conférence renforce sa visibilité comme une institution de recherche en complément de sa mission de formatrice et de renforcement des capacités des hauts cadres, cadres et agents de l’Administration publique burundaise ;
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Cette conférence permet aussi de positionner le Centre de Recherche et d’Innovation en Administration Publique (CERINAP) par rapport à d’autres centres universitaires de recherches.
Notons que, au moment où l’ENA et ses invités réfléchissaient et échangeaient sur cette question, l’Union Africaine tenait à Malabo en Guinée Equatoriale, un Sommet des Chefs d’Etats et de Gouvernements pour plancher également sur cette problématique devenue récurrente. Au regard de ce qui se passe en Afrique, le changement anticonstitutionnel de gouvernement reste une réalité.
Par cette conférence publique, l’ENA a donc su apporter sa contribution sur un sujet aussi d’actualité que l’Union Africaine en fait sa priorité. L’ingérence étrangère ne s’arrêtera que si chaque pays africain prenait conscience de construire et protéger son système de gouvernance économique, politique et administratif.
2022-06-02